ENTRETIEN AVEC Anicet BONGO ONDIMBA,Haut Représentant personnel du président fondateur du CLR
« Le CLR est géré à l’africaine avec une gestion centralisée sur le président fondateur, qui reste le seul porte-monnaie du parti. Comme c’est le cas dans la plupart des partis politiques dans notre pays.»
Radio Génération Nouvelle émettant sur la fréquence 97.4 FM a défrayé la chronique lors de sa première émission de l’année 2023 intitulée « l’heure du CLR ». Le présentateur de l’émission a reçu – le 3 janvier 2023 comme invité – le camarade Anicet BONGO ONDIMBA nommé HRP (HAUT Représentant Personnel) du Président Fondateur, le camarade Jean Boniface Assélé. Le parti politique compte un seul Haut Représentant Personnel, c’est dire à quel point ce poste revêt un caractère stratégique pour la dynamisation du parti. Au cours de l’émission suivi par de nombreux auditeurs, l’invité n’a esquivé aucune question. Son franc-parler, sa connaissance des sujets sensibles et son humilité font de lui un personnage agréable à lire et à écouter. Lisez plutôt !
Un condensé de Dongmo Simon, journaliste indépendant
RADIO GENERATION NOUVELLE : Bonjour Monsieur Anicet ! Vous êtes le petit frère du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba et c’est un grand honneur de vous recevoir en cette première émission de l’année pour parler de votre nouvelle casquette que Haut Représentant Personnel du Président Fondateur du centre des Libéraux Réformateurs (CLR) le parti dont vous êtes militant depuis plusieurs années.
Anicet BONGO ONDIMBA : Merci pour cet accueil si chaleureux, mais permettez-moi de corriger rapidement une idée souvent répandue et qui ne colle pas à la réalité. Je suis plutôt le petit frère de Monsieur Ali BONGO ONDIMBA. Dès le jour où il a porté la veste de Président de la République, je suis redevenu citoyen au même titre que tous les Gabonais. Lui également s’est déchargé de la veste de grand frère. Il faut que cette précision soit apportée puisque quand on devient Président de la République, on n’a plus de petit frère. On bosse pour le peuple. C’est une Haute fonction.
Merci pour la précision, mais dites-nous en quoi consiste votre poste de Haut Représentant Personnel du président du CLR, le camarade Jean Boniface Assélé ?
Ecoutez ! Dans le cabinet du président fondateur du CLR, il y a plusieurs postes ou plusieurs fonctions. Parmi ces postes, il y a le cercle fermé de ses plus proches collaborateurs. Il y a par exemple des vice-présidents et chaque vice-président à une fonction précise, ce sont des hommes de missions. Ensuite il y a des représentants qui ont chacun une tâche ponctuelle selon l’emploi du temps du Président fondateur, selon ses sollicitations au quotidien, selon ses orientations, selon les compétences de chacun d’entre eux, il y a beaucoup de paramètres qui entrent en compte.
Pour le cas du seul Haut Représentant que je suis, il ne s’agit pas d’une fonction ponctuelle. Je suis là de façon permanente, c’est un autre palier beaucoup plus Haut. Je peux intervenir à tout moment en son nom après l’avoir consulté. Ma fonction a été mise en lumière de façon très visible lors du dernier congrès ordinaire du Parti Démocratique Gabonais, le parti au pouvoir dont nous sommes un allié. Tous les médias nationaux et internationaux ont dû constater que le Président Fondateur du CLR a assisté à ce congrès à l’étape de l’ouverture des travaux et au moment de la clôture, c’est moi qui l’ai représenté. C’est cela la Haute représentation !
Que répondez-vous à ceux qui estiment que ce poste vous a été donné parce que vous êtes le neveu du Président Fondateur et qu’il tienne à ce que son parti soit dirigé de l’intérieur, suivez mon regard ?
(Rires aux éclats….) je suis bien votre regard, vous voulez parler d’un parti familial, j’ai bien compris ! Soyons beaucoup plus sérieux, il n’en est rien. Je vais vous expliquer comment et sur quels critères repose ce choix. Le poste de Haut Représentant Personnel est lié au poids du carnet d’adresses. Un Haut Représentant devrait pouvoir avoir des relations ou discuter aisément avec n’importe quelle autorité de la République notamment le premier Ministre et tous les ministres et anciens ministres. Les images de ma présence lors de la clôture du congrès ordinaire du PDG témoignent de ce carnet d’adresses vaste et de cette relation cordiale avec beaucoup d’acteurs du monde social, politique et économique. Ensuite un Haut Représentant doit avoir un niveau de connaissances politiques et de compétences liées à sa fonction. Tous ces critères ont été passés au crible et on ne peut pas mettre en doute la sagesse du Président Fondateur qui a toujours su trouver la bonne astuce pour redonner du souffle à son parti politique durant de nombreuses années. En politique, toute complaisance est un caillou dans la chaussure du parti. Donner un poste de Haut Représentant juste parce que je suis son neveu, ce serait se tirer une balle dans le pied ainsi que détruire le parti de l’intérieur.
Monsieur Anicet, pouvez-vous être plus clair ?
Soyons pragmatique et non rêveur. Moi je suis partisan de la realpolitik et non de la politique fiction. Le terrain politique n’est pas une émission de bandes dessinées. Alors remettons la balle au centre ! Quelle est l’une des idéologies ayant permis au CLR de rester debout durant ces longues années ? A propos de cette question fondamentale, je vais vous faire une révélation que seul un Haut Représentant peut faire. Le président fondateur a l’habitude de dire : « nous au CLR, on gouverne au centre ». C’est-à-dire nous sommes un parti ouvert. Nous travaillons avec tous les partis politiques pour trouver ce qu’ils ont de meilleur et ensuite le CLR les met en valeur pour inspirer les actions du parti au pouvoir dont nous sommes un allié. Partant de cette idéologie, on peut facilement comprendre pourquoi le choix d’un Haut représentant qui peut dialoguer avec tout le monde et prendre des idées des uns et des autres afin de les ramener au centre. Une fois ces idées ramenées au centre, nous les réformons de façon libre. Voilà d’où vient la définission même du centre des libéraux réformateurs (CLR). Nous adaptons nos idéologies politiques à nos environnements sociaux. Parce que la facilité qu’ont les partis politiques en Afrique à imiter ce qui se passe en occident ne marche pas. Nos partis politiques devraient être assis sur nos traditions, sur nos réalités quotidiennes, sur nos valeurs sociétales. Le CLR est géré à l’africaine avec une gestion centralisée sur le président fondateur, qui reste le seul porte-monnaie du parti. Comme c’est le cas dans la plupart des partis politiques dans notre pays où le seul porte-monnaie, c’est celui du patron. En occident, c’est tout le contraire, l’Etat octroie des subventions aux partis politiques pour financer diverses activités notamment la construction d’un siège, la formation des militants à la culture politique et bien d’autres. Dans ces cas-là, la vision du parti est celle des militants. Dans notre cas au Gabon, la vision du parti est celle du président fondateur.
En tant que Haut Représentant Personnel du Président Fondateur qui n’a plus la force physique qui a été la sienne dans ses fonctions de général d’armée, que comptez-vous faire dans les prochains mois pour accompagner et rendre concrètes ses idées ?
Effectivement mon agenda des prochains mois reste très chargé. Nous allons prendre les taureaux par les cornes afin de pousser les cadres du parti à prendre des initiatives pour faire rayonner le CLR du mieux que possible. Je vais former un cercle de travailleur acharné autour de moi afin d’apporter de l’eau au moulin du camarade Président Fondateur. En dehors de cette sortie, il y en aura plusieurs dans les prochains mois pour annoncer de bonnes nouvelles pour le parti.
Parmi les grands chantiers qui vous attendent, il y a la rencontre entre le Président de la République et tous les responsables des partis politiques. Lors de son discours de fin d’année, le Président de le République a tendu la main aux partis politiques pour un dialogue franc et sincère. Cette main est tendue vers le CLR également !
Oui justement, je salue fortement ce geste politique du chef de l’Etat qui est inspiré de la sagesse africaine. Ce sera une rencontre capitale à l’issue de laquelle chaque parti politique aura une ligne de conduite en rapport aux échéances électorales à venir. Nous souhaitons que cette rencontre soit franche et sincère afin que nous ayons des échéances électorales apaisées. Le chef de l’Etat devrait écouter chaque leader des partis politiques ou son représentant et tenir compte de leur point de vue. Nous allons juste éviter qu’une multitude d’idées soient données au Chef de l’Etat et que derrière, il n’y ait aucune mise en application. Les collaborateurs du chef de l’Etat dans ce dossier devront rester très vigilant et éviter de se lancer dans des guerres intestines de positionnement personnel au détriment de l’intérêt général. Les populations gabonaises fondent leurs espoirs sur cette rencontre capable de redessiner une nouvelle vision politique pour notre pays. Je l’espère vivement.
Votre mot de fin pour clore cet entretien
J’aimerai dire à chaque famille gabonaise qu’il est important dans la vie de toujours garder confiance en l’avenir. Je suis convaincu que les différents partis politiques que compte notre pays ont un seul objectif : l’amélioration des conditions de vie des populations et l’émancipation du Gabon. L’objectif est le même au sein de tous les partis politiques. Lorsqu’on est d’accord sur ce point-là, nous devons mettre de côté les guerres intestines et créer une grande solidarité ainsi qu’une grande vigilance pour éviter des situations inconfortables demain. Ce pays est le nôtre et c’est ensemble que nous le construirons !